RoomFul
RoomFul est un projet performatif qui s'inscrit dans la continuité de la recherche artistique de Léo Gras sur la dualité entre le corps en tant qu’objet et sujet. Ce projet interroge les dynamiques de pouvoir entre le corps et l’objet, avec une ambition de les inverser, tout en explorant les notions de mutilation et de réparation comme actes de résilience.
Inspiré par des disciplines aussi diverses que la chirurgie, la thanatopraxie et la boucherie, RoomFul met en parallèle la couture et le soin, révélant la puissance des gestes de réparation. Ce dialogue entre des pratiques médicales et artisanales devient une métaphore universelle du combat contre la dégradation et du besoin de réconciliation avec soi-même. Chaque suture, chaque orifice refermé, devient un acte de résistance face à l’inéluctabilité de la perte et de la finitude.
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Dans la continuité des recherches initiées avec Les Autres-Moi – des poupées articulées à taille humaine créées pour questionner l’altérité et le dédoublement – RoomFul mobilise ces figures pour donner corps à une réflexion sur la résilience et l’abandon. Le geste de couture, tantôt désespéré, tantôt méditatif, se transforme en rituel réparateur, évoquant la quête d’une reconstruction intime et collective.
Conjurer la mort devient alors l’un des fils conducteurs de ce projet performatif, réalisé sur la longue durée. À travers l’acte de suture, RoomFul propose une transe méditative, où l’urgence du geste répare autant qu’il témoigne d’une humanité fragilisée. Ce corps en lutte, en reconstruction, incarne l’espoir, dans un univers où la mort est contrecarrée par une danse de gestes actifs : embaumer, raccommoder, réparer pour renaître.
Ce projet cherche à bouleverser les perceptions, en offrant au public une expérience immersive et sensible, où la poésie du geste devient une célébration du vivant face à la fragilité. Avec RoomFul, le corps devient le lieu d’un rituel où chaque cicatrice raconte l’histoire d’une résilience retrouvée.
Je roule, je coule, je fond
Accroché, écorché, relié, cousu
J’ai quatre jambes et quatre bras
Un buste qui nous relie
Nous nous mélangeons
Je perds mes limites
Fusion, destruction, collision
Limites et contours disparaissent
Tu me bloques et me protèges
Tu m’empêches et te délectes
Je suis toi et moi dans un même
Instant
Mélange de chaire et de tissus
J’ai perdu la tête et tu n’en as pas
Nos jambes emmêlées entament
Une guerre sourde
Le bruit de nos chaussures
Frappant le sol détruisant
Le calme plat du béton ciré